De Marseille à Kunming, la Chine et la France main dans la main en faveur de la conservation de la nature
Depuis vendredi, des dizaines de milliers de représentants de quelque 160 pays et régions se sont réunis pour le Congrès mondial sur la nature (CMN) dans la ville portuaire française de Marseille, pour se pencher sur la situation écologique de la planète Terre.
Pendant neuf jours, le congrès, organisé conjointement par le gouvernement français et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) sous le thème « Une nature, un avenir », prépare la 15e réunion de la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB COP15) qui se tiendra en octobre à Kunming, en Chine.
De Marseille à Kunming, la France et la Chine travaillent sans relâche à une action mondiale en faveur de la conservation de la nature.
S’adressant au CMN, le président français Emmanuel Macron a déclaré que ce congrès s’inscrivait « dans une dynamique » qui fait de 2021 une année très importante, puisqu’un troisième événement mondial sur l’environnement, la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP26), est prévu en novembre à Glasgow, en Ecosse. Il a exhorté le monde à « resynchroniser » les deux agendas, l’un pour le climat et l’autre pour la biodiversité.
Le chef de l’Etat français a souligné l’urgence de resynchroniser ces deux agendas et de faire comprendre à tous que la bataille pour le climat est intrinsèquement liée à la bataille pour la préservation et la restauration de la biodiversité.
En organisant ce congrès, la France compte confirmer son engagement à soutenir la protection de la biodiversité et des écosystèmes, et plus largement, son rôle international sur les questions environnementales et climatiques.
Il y a six ans, c’était à Paris que les négociateurs des 196 parties à la conférence des Nations Unies sur le changement climatique avaient scellé le pacte climatique historique visant à inverser la tendance à l’augmentation des températures principalement causée par les émissions de carbone.
La Chine, qui a contribué à la réalisation de certaines avancées majeures au cours des négociations, reste ferme et active dans la lutte contre le changement climatique ainsi que la mise en œuvre de l’accord de Paris.
Le Premier ministre chinois Li Keqiang, par liaison vidéo, a dit au CMN que le marché national chinois du carbone, le plus important au monde en termes de quantité d’émissions de gaz à effet de serre couvertes, avait été lancé récemment, et que la Chine était prête à travailler avec toutes les parties pour construire un monde propre et beau.
Concernant la poursuite de l’amélioration de la gouvernance écologique mondiale de l’environnement, M. Li a appelé le monde à adhérer au principe de consultation étendue, de contribution conjointe et de bénéfices partagés, et à s’efforcer de promouvoir la construction d’un système de gouvernance mondiale de l’environnement équitable, raisonnable et gagnant-gagnant.
C’est d’ailleurs l’une des missions essentielles du congrès de Marseille. Au cours d’une série d’événements en personne et en ligne, des Etats, des collectivités locales, des scientifiques, et des représentants du secteur privé ainsi que de la société civile discuteront des principaux objectifs du cadre mondial post-2020 pour la biodiversité, une étape clé qui devrait être franchie lors de la COP15 à Kunming.
« Notre cadre post-2020 pour la nature et la biodiversité doit être universel, innovant et transformateur. Il doit soutenir une reprise économique post-COVID respectueuse de la nature tout en étant juste et inclusive », a recommandé Zhang Xinsheng, président de l’UICN, lors de la cérémonie d’ouverture du CMN.
« Le thème de la 15e Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB), qui se tiendra à Kunming, en Chine, le mois prochain, est ‘La civilisation écologique — Construire un avenir partagé pour toute vie sur Terre’. C’est la bonne transition vers ce que nous devrions tous chercher à atteindre », a-t-il ajouté.
En 2010, les parties à la CDB ont fixé 20 objectifs lors d’un sommet à Aichi au Japon pour la décennie 2011-2020. « Cependant, bon nombre des objectifs d’Aichi en matière de biodiversité ont été difficiles à atteindre », a confié M. Zhang à Xinhua dans un entretien à la veille du congrès.
« Le degré de perte de biodiversité et la dégradation de l’écosystème se sont approchés des limites planétaires et des points de basculement », a-t-il ajouté. « Si cette perte et cette dégradation ne peuvent toujours pas être inversées d’ici 2030, nous ne serons pas en mesure d’atteindre les Objectifs de développement durable ».
« Ce congrès de l’UICN peut être considéré comme un prélude à la conférence de Kunming. Tous deux sont des étapes importantes pour voir si l’humanité peut établir un programme décennal pour transformer la crise en occasion », a poursuivi le président de l’UICN.
Pour Patrick Giraudoux, professeur d’écologie à l’Université de Franche-Comté, on peut déjà « attendre une évaluation lucide de l’état des lieux » sur la biodiversité, c’est ce qui nous dit l’UICN, quelles sont les espèces qui sont menacées, à quelle vitesse elles le sont, etc. Ensuite il y a les décisions qui pourront être prises par les gouvernements et cela sera suite à ce qui se décidera à la 15e réunion de la Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique (CDB) à Kunming.
« Je pense que pratiquement tous les gouvernements des grandes puissances sont d’accord pour aller de l’avant » et en prendre conscience, et « je ne doute pas de la volonté politique qui est partagée par la plupart des gens raisonnables qui savent ce qu’est la biodiversité et le risque qu’on prend en facilitant son érosion, maintenant il faudra la traduire dans les faits », a-t-il dit.
La Chine a promis qu’elle continuerait à travailler pour assurer le succès de la COP15. La première partie de la COP15, comprenant une ouverture officielle et un segment de haut niveau, se déroulera en ligne et hors ligne du 11 au 15 octobre.
La seconde partie, qui se tiendra en personne au premier semestre 2022, verra des négociations élargies et approfondies en vue d’un cadre mondial de la biodiversité post-2020 ambitieux et pratique, selon le ministère chinois des Affaires étrangères.
En ce qui concerne le cadre de la nature et de la biodiversité post-2020, les séances de travail et les négociations ont pris du retard en raison du contexte sanitaire, a indiqué à la presse la secrétaire d’Etat française à la Biodiversité, Bérangère Abba.
Elle a annoncé qu’à l’issue de ce congrès, l’UICN et la France publieraient une « déclaration de Marseille », qui détaillera l’ambition issue des réflexions et des négociations qui auront lieu dans les prochains jours.